Feather AS-D2

A l’heure où j’écris ce post, je ne dispose pas de rasoir de comparaison, pour autant, amoureux de beaux objets, je peux affirmer sans détour qu’il s’agit d’un produit de très (très) grande qualité. A supposer que l’on apprécie son esthétique et que l’on ne s’en lasse pas, il s’agit certainement d’un rasoir d’une vie.

D’une finition excellente et parfaitement homogène, il ne présente absolument aucun défaut d’usinage, tant du point de vue sa matière, que de ses différentes parties.

Le manche forgé d’un seul bloc arbore un grip aux détails minutieux et se visse parfaitement à la tête, sans aucun jeu. Une fois assemblé, les trois pièces semblent former une seule pièce, ce qui renforce le sentiment de qualité. De même, la lame s’emboite parfaitement dans son support et est parfaitement maintenue sans aucun jeu. Ce point explique certainement la qualité du rasage à la manière d’un SE équipé d’une lame rigide ne vibrant pas lors de la coupe.

Il est constitué d’un alliage robuste, plaqué de chrome puis traité pour lui donner une finition mate. Au toucher, il est lisse sans être glissant même avec les doigts mouillés ou recouverts de mousse à raser. Un seul mot me vient à l’esprit : rassurant.

Aficionados de mangas, je me plais à penser que j’ai l’anatomie d’un japonais type (1m75) !

Dans ma main, il est ni trop lourd, ni trop léger et de bonne dimension. Sa tenue est excellente. Je suis en mesure de le prendre naturellement à pleine main, l’index sous sa tête, l’auriculaire se plaçant alors à son extrémité basse.

Sa masse semble parfaitement répartie d’un bout à l’autre, ce qui le rend particulièrement maniable.

Le fabriquant préconise de l’équiper de lames du même nom. Afin de le tester à son plein potentiel, je l’ai donc naturellement équipé de Feather « New Hi-Stainless Platinum » ayant la réputation d’être les lames les plus tranchantes.

A l’usage :

On en arrive à l’efficacité du rasoir…

A ce sujet, j’ai lu sur de nombreux posts qu’il s’agit d’un rasoir dit « Soft » ou « Doux » voir trop doux pour certains.

Je ne suis pas un expert en rasage traditionnel, pour autant, je peux affirmer qu’il rase sans aucune pitié les poils qui osent se glisser sous sa tête.

Pour cela, un peu de technique s’impose. Rien de très complexe, je vous rassure, il ne s’agit là que de respecter un angle de coupe de 40/45°. En cas de non respect de cette règle non contraignante à l’usage et très naturelle à mettre en œuvre, le rasoir est tout simplement inopérant et se contente de vous caresser dans le sens du poil ! C’est peut-être la cause de sa réputation de rasoir doux.

Cette règle respectée, voyons voir ce que ça donne en pratique.

En congé cette semaine de fin d’année, auréolé d’une flemme aigüe mais aussi encouragé par femme pour me laisser pousser la barbe (à ce sujet, bien que s’agissant d’un forum de rasage, j’ai de plus en plus de scrupule à me raser à écouter les critiques de ma femme qui me préfère négligé), j’ai pris la décision de le mettre à l’épreuve d’un débroussaillage massif (barbe d’une semaine).

Considérant l’importance de sa mission, je l’ai donc équipé d’une lame neuve (la précédente avait à son actif 5 à 6 rasages et commençait légèrement à gripper). En guise de préparation sommaire, étant toujours dans l’attente de mon futur blaireau Simpson 1 Super en provenance de Singapour, j’ai simplement appliqué sur la peau 3 gouttes d’huile de rasage puis un peu de mousse Men… que j’ai trouvé en deux temps un mouvement au supermarché cet été quand j’ai pris la décision d’abandonner mon rasoir électrique Philips à bout de souffle (je précise que je ne suis pas équipé d’une peau de crocodile ou encore d’un mâle blond de type homo sapiens dominant > j’ai la peau particulièrement intolérante sensible et j’ai hâte de recevoir mon pinceau et un savon à raser digne de ce nom).

Comme à l’accoutumé mais peut-être plus que d’habitude, ne m’étant pas rasé depuis bien longtemps, j’ai d’abord cru que mon précieux avait perdu de son pouvoir tranchant. N’avais-je donc pas respecté l’unique règle le concernant, son angle de coupe ? Oh non. Et pourtant, au-cu-ne sensation. Serais-je devenu insensible ? Oh non, certainement pas.  Mes yeux m’indiquaient tout le contraire : une tonte massive était à l’œuvre, le tout en mode douceur cocooning façon tête posée sur un oreiller garni de duvet 100 % oie de Sibérie. Je ne citerai pas la marque de mon oreiller, mais à n’en pas douter, certains le connaitront, je ne dois pas être le seul sur ce forum (de rasoir !) à me passionner pour tout (et n’importe quel objet du quotidien comme un couteau ou un oreiller !).

Ce rasoir, équipée d’une lame neuve Feather, est extrêmement doux pour la peau. En revanche, il rase et de très très près et en peu de passages. Je ne parlerai pas de BBS ou de WZTS, je trouve ces termes plutôt absurdes et trop techniques, je dit simplement qu’il procure, si on le souhaite, une douceur type peau de bébé sans grande difficulté et aucun point de sang, à supposé que l’on se rase délicatement en deux ou trois passes. En ce qui me concerne, je préfère de loin ménager ma peau et me contenter d’un simple rasage avec quelques retouches dans le sens du poil. Un effet doux et un rendu propre me suffisent pour enfiler mon costume et pour pouvoir embrasser mes enfants sans être qualifié de papa piquant. En règle général, j’espace donc de deux jours chaque rasage pour reposer ma peau.

La force de ce rasoir est qu’il permet d’arriver à un résultat impeccable tout en respectant la peau. Un débutant, comme un confirmé (à mon sens aucune technique particulière ne semble nécessaire pour un DE mis-à-part une certaine rigueur dans la préparation du rasage et le respect de l’angle de coupe selon son outil et l’orientation de ses poils, ce qui est certainement plus difficile à mettre en musique pour un coupe-choux ou un rasoir à peigne ouvert type Muhle R41), ne pourra qu’apprécier sa douceur et sa facilité d’utilisation.

Sa conception est certainement le fruit d’une recherche approfondie sur l’optimisation de l’angle de coupe façon Oneblade ou Hone 15. En étant à sa deuxième version, il en est certainement le précurseur.

Conclusions :

Equipé de la lame réputée la plus tranchante, il reste permissif, doux et efficace à la fois. Son efficacité s’altère au bout de 3/4 rasages mais reste tout à fait acceptable même pour les peaux sensibles (je n’ai pas expérimenté d’autres lames). Ainsi monté, il est certainement toujours possible de se couper, mais à condition d’appuyer lourdement sur sa tête. Pour autant, il faut vraiment le vouloir et n’être pas du matin ou de l’après-midi pour les lève-tard !

A la lecture des autres revus, il est certainement possible de le comparer à un DE de type Hone 15 ou à un SE de type General tous deux réputés doux mais permettant ainsi de les utiliser avec un large panel de lames dont les plus tranchantes.

Cette permissivité est à mon sens le Saint Graal du rasoir.


NB : A acheter de préférence avec son support. J’ai contacté Feather directement pour savoir s’il était possible de l’acquérir à postériori et ce n’est malheureusement pas possible. Au vu de la qualité du produit et de son prix, autant pousser la consommation jusqu’à son paroxysme.