Emission rasoirs "ABE"- Télévision Suisse Romande

Tout un chacun connaît ABE et son attachement à la défense du consommateur ainsi qu’à celle de l’environnement. Quelle n’a donc pas été mon incompréhension de vous voir, lors de l’émission sur les rasoirs, agir à peu de chose près en ambassadeurs zélés du modèle économique imposé par les « majors » du marché du rasoir, tant il est vrai que le fait de faire porter le test sur les rasoirs multilames tendra à être perçu comme une caution implicite.

Or cet article d’hygiène n’est pas loin de constituer un cas d’école, tant les principes du capitalisme y sont dévoyées ; en résumé, les grands acteurs, s’appuyant sur la puissance de leur marketing et le principe d’obsolescence programmée, s’efforcent de fournir au prix le plus élevé possible un produit tout juste acceptable quant à sa prestation et catastrophique sur le plan écologique, cherchant pour ce faire à éclipser des méthodes plus anciennes ayant pourtant fait leurs preuves, mais certainement d’un rapport moindre pour qui les commercialise.
Si la parenthèse sympathique (quoique dénuée de profondeur, on y cherche en vain des informations pratiques et didactiques) consacrée au coupe-chou doit être mise à votre crédit, je reste pour le moins étonné que vous n’ayez pas pris le soin de (re)présenter au public le système de rasage simple mais ô combien efficace qui a fait le renom initial de Gillette, à savoir le rasoir de sécurité à lame à double tranchant (Double edge (DE) safety razor). Celui-ci, bien connu de nos pères et grand-pères, a régné en maître de 1910 à 1975 environ et consiste en un rasoir de facture solide qui fonctionne comme porte-lame, et d’une lame, la fameuse « lame de rasoir ». Le premier vous tient une vie (et se transmet aux prochaine générations !), la seconde revient de 6 à 40 centimes tout au plus et permet bien 3 à 4 rasages. Mais c’était là une combinaison bien trop durable et bien trop peu chère pour des géants mis au défi de croître sans cesse…

Certes, bien rares sont les enseignes à proposer encore ce genre de matériel, qui aurait bien failli tomber dans l’oubli complet s’il n’y avait eu internet et son libre accès à l’expression et à la recherche (1). Les forums consacrés au sujet ont fleuri par dizaines, accueillant chaque jour de nouveaux membres en butte à des problèmes de rasage et/ou de budget ; on y discute avec passion technique, matériel et bons plans (les amateurs de « coupe-chou » n’étant pas en reste non plus). Les sites de vente de bon matériel ont quant à eux le vent en poupe de même que la cote de rasoirs anciens (1920 à 1970…) toujours bons pour le service après toutes ces années et qui gratifieront leurs propriétaires de doux rasages (en faisant fi de toute bande lubrifiante !) longtemps après que les Fusion, tant vantés par les icônes de la pub, soient arrivés au terme de leur vie bien éphémère.

Au chapitre de la mousse, il est là encore bien dommage que par défaut vous ayez laissé le public dans la croyance que la mousse sort simplement d’une bombe. Quiconque a expérimenté le confort d’une mousse tiède qu’on a montée soi-même au moyen d’un blaireau à partir d’un savon ou d’une crème à barbe (coût dérisoire, nombreux petits producteurs) n’est pas près de revenir pour à cette pauvre pâte froide et ultra-chimique générant son lot de déchets. De fait, le DE, passé un temps d’apprentissage, c’est échanger une corvée contre un plaisir, et s’offrir un rasage de prince avec un budget de pauvre en s’émancipant des « majors » !

Voilà ce qu’un ABE à son niveau de recherche habituel aurait exposé au public ; gageons que ce sera pour une prochaine fois.

Cordialement, [Sam D.]

christzip a écrit:
si le forum devait avoir une devise, je retiendrait ta phrase:Un rasage de prince avec un budget de pauvre.

merci sam

soliste a écrit:<HS>
Bulldog, il est terrible ton nouvel avatar
</HS>