Wolfman Guerrilla VS Blackland Blackbird

Deux outils, deux philosophies.

Ils ont sensiblement le même gabarit, la même hauteur. Ces deux rasoirs semblent boxer dans la même catégorie.

D’un côté du ring, le Wolfmannnnnn Guerrillaaaaa !!! Enfin un Wolf entre mes mains ! Je vais être honnête avec vous, je ne l’ai pas choisi, je l’ai vu en PA, j’ai pas cherché à comprendre, je l’ai pris !
Après presque 2 ans de lecture assidue de notre précieux forum, croyez moi le message est bien passé, à savoir quel que soit le spécimen proposé (en parfait état bien sûr), un Charco, un Wolf, un Cobra ou un Paradigm >>> si à l’instant T je dispose de la monnaie et que ma femme ne rôde pas dans les parages = je passe en mode auto SAC ! Et tant pis si je passe pour un cinglé auprès de quelques ayatollahs qui estiment qu’un rasoir rare et cher n’est pas meilleur qu’une vieille pièce que l’on obtient pour une poignée d’euros. Dans le fond, c’est parfaitement juste, mais ceux là même qui les décrient ont-il déjà eu l’occasion de les tester avant de leur jeter la pierre ? Et puis, franchement, chacun doit y trouver son compte. Certains recherchent le meilleur rapport qualité/prix. D’autres se contentent d’un rien et se rasent sans rien, sous la douche avec un simple bic et qui y trouve un certain plaisir (et une pensée à mon cher père). Et puis il y a ceux, comme moi et peut être comme vous qui lisez ces quelques lignes qui ne veulent pas compter et qui se sont pris de passion pour ces objets de toujours et que l’on a plaisir à utiliser et à réutiliser jour après jour ...

Je ne vais pas bouder mon plaisir mais je trouve quand même important de bien souligner que j’ai eu franchement du mal à en dénicher un. Je remercie SebV pour son annonce, sans qui, j’attendrais encore et toujours une occasion d’en tester un (sur une liste d’attente qui d’ailleurs n’existe pas pour cette marque).
Fin de la parenthèse.

Le modèle en question est le « Low Cost » de la marque, celui qui était censé satisfaire le peuple des raseux en étant moins complexe à produire et qui devait donc être produit à plus grande échelle mais qui en définitive, comme les autres modèles, est finalement toujours indisponible !

Revenons en au sujet(décidément je dérive souvent). La bête arbore une robe 100 % Stainless Steel trapue, une tête large et un manche bodybuildé. Du lourd, du massif, du muscle, de la testostérone ! Et pourtant en main, quel contraste ! Plutôt léger, équilibré >>> une excellente idée ce manche creux, vraiment (cf vidéos sur YouTube). Et pourquoi Colonial razor n’a donc pas pensé à la même chose avec son General laiton ? Certainement pour une question de coût... On se prend alors à penser qu’il doit être agile comme un loup ! Avec sa gueule open comb et sa lame plutôt exposée, on se dit qu’il a faim ! Du moment qu’il se contente des poils, ça m’ira ...









Son adversaire, également 100 % Stainless Steel véritable, a enfilé pour l’occasion une robe noire façon bad boy. Je ne devrai pas employer de terme d’ailleurs... il ne s’agit pas d’un placage ou d’une peinture de style, non, chers raseux, le concepteur de la bête a pris le parti de lui faire subir une oxydation intégrale. A priori, donc aucun risque de pelage ou d’effritement de son revêtement. C’est pas mal ça. Cela colle bien avec son style pour le mec qui en a rien à faire de son rasoir et qui le laisse sécher comme ça sur son lavabo, sans même rincer les poils et autres morceaux de peaux tranchés (parce que oui on verra après mais il tranche croyez-moi). Enfin, dans la cible marketing, c’est quand même le gars plutôt friqué ou bien dépensier car il coûte 180 € (comme le Guerrilla d’après ce que j’ai lu ici ou là sans pouvoir le voir de mes yeux ; il est où le catalogue des Wolf ?? Hein ?? Mystère et boule poils).
Tout de noir vêtu, il est bien né ce rasoir. Prêt à en découdre avec le Wolf ou tout autre DE de la même trempe. Ahhh quelle ligne, quelle gueule ce Blackbird ! Sans revenir sur le blabla identitaire de la marque, force est de constater qu’il est taillé comme un avion de chasse ! Il porte un Kimono bien ajusté et à ses saillies nettes, bien franches (attention à ne pas trop le serrer en main, au risque de garder son empreinte imprimé sur sa peau), on se dit qu’on a affaire à un maître en arts martiaux et qu’il faudra le maîtriser ce samouraï.
La tenue de la lame est à l’image du rasoir >>> tirée à 4 épingles (au serrage du manche, elle est si serrée qu’elle émet un couinement), plutôt protégée en sa partie haute mais très éloignée de la base de la tête.
Ah oui, j’allais oublier ce qui intéresse certainement ceux qui rêvent d’un Wolfman. Qu’en est-il de cette fameuse finition ?
A mon sens, il est très bien fini. Son polissage est bien homogène, très propre et sans marque, même dans la face interne de la tête. La finition de ce modèle n’est pas de type miror mais plutôt « machined » pour reprendre le jargon de Blackbird. Du très bel ouvrage ! Idem en ce qui concerne l’usinage de la vis de fixation tête/manche. Zéro jeu.





Bon, après soyons honnête, il faut pondérer ce résultat. Le modèle en ma possession est simpliste (j’entends par là, qu’il ne doit pas être très complexe à fabriquer). En ce qui me concerne, j’apprécie son côté lisse, sans fioriture. Il est très masculin et sans chichi.
Le Blackbird est un rasoir avec un caractère bien trempé et bien plus complexe à usiner, à n’en pas douter. Celui en ma possession est impeccable (j’ai tout de même demandé à Shane de faire quelque chose car le 1er manche en ma possession avait une saillie avec un très léger défaut mais défaut quand même : il n’a pas chipoter et m’en a adressé un autre immédiatement). A mon sens, sa finition est supérieure en tout point au Wolfman, à l’exception peut être de la qualité du polissage. Non pas que le polissage du Blackbird soit ratée, non loin de là. En black oxide finish, difficile de se faire une idée bien précise. Le métal est bien lisse mais on voit des traces d’usinage sur la tête à divers endroits. Rien ne bien méchant, disons que ça colle encore une fois avec son côté bad tool. De ce point de vue, je pense que la renommée des Wolfman est, à n’en pas douté, toujours d’après ce que j’en ai lu, liée à la qualité de leur polissage peaufiné à la main du grand maître Wolf.










En situation

Mon étalon est le Colonial General. Monté sur lame Kai Mild, jamais un rasoir ne m’a procuré une telle sensation d’efficacité/douceur. J’ai revendu mon AS-D2 pour prendre le large et disposer d’un petit budget pour découvrir d’autres choses. Mon ATT SE 1 était trop pointu/dangereux pour moi (peut être aussi alors par manque de technique). Je l’ai revendu certainement un peu vite ...

Une petite particularité tout de même concernant les extractions inférieures du Guerrilla ... à vrai dire, il n'y en pas.





N'ayez aucune crainte, le Guerrilla n'en a pas besoin. Son "rateau" évacue automatiquement la mousse par en dessous et l'on pourrait même se raser en une traite sans le rincer.
Quant au Blackbird, ses généreuses tranchées remplissent aussi parfaitement leur fonction sans bourrage.

Protocole :

Je me contente au maximum de 2 passes. La recherche d’un BBS m’importe peu et je ne suis pas contraint socialement d’être rasé plus prêt que prêt. Donc rasage tous les 2 jours. De toute façon, ma peau ne tolère rarement plus qu’un passage dans le sens du poil et un éventuel passage ici ou là de « finition » en travers du poil.

Lame utilisée : Sputnik Téflon neuve
Parfaite sur mon BB.

Important PS : un seul rasage avec le WG. Je peaufinerai cette revue si besoin.

1/ Efficacité : CG < WG < BB

Premier constat, les deux rasoirs font très bien leur job. Ils sont, à mon sens, extrêmement efficaces tout en restant très doux.
D’un point de vue de l’efficacité, difficile de les départager. Ça se joue dans un mouchoir de poche. Peut être que le Blackbird est (très) légèrement plus efficace de mon point de vue. Mon étalon est le General. Tous deux le surpassent, pas largement, mais suffisamment pour le souligner. Certainement une question de géométrie. En effet, niveau lame, je pense que le General est avantagé. Elles sont bien plus rigides que les lames de DE. Ces deux rasoirs compensent ce point de part la conception serrée de leur tête maintenant fermement la lame. C’est encore plus vrai pour le Blackbird.

2/ Douceur : BB < CG = WG

Niveau douceur, en revanche, c’est un peu plus tranché. En effet, j’associe à la douceur la question de la sensation de sécurité...

Sur la peau, on retient du Blackbird son feel blade (d’un blade gap plutôt faible, serait-ce lié au fait que la lame survole sa base ?). De prime abord, ça fait peur même si au final, on l’oublie et tout se passe en douceur pour la peau. Pour les poils, en revanche, pas de pitié ! L’angle de coupe est intuitif et nécessite une faible inclinaison. Le Blackbird s’exprime mieux lors vol en rase motte. Et d’un point de vue sonore, ça chante tout en rasant à la vitesse du mur du son, vite et bien.

Quant au Guerrilla, sa lame se fait oublier et on ressent davantage sa base « râteau ». Je vous rassure tout de suite, elle ne râpe pas et est très douce. C’est donc plus conventionnel mais tout aussi efficace. Le BB tranche et vous le savez, le WG ratonne tout en tranchant et vous le constatez.

3/ Expérience requise : BB < WG < CG

En comparaison avec un General, BB, comme WG nécessitent un peu de technique et connaissance de la cartographie de sa barbe. De mon point de vue, un poil moins pour le WG moins pointu que le BB.

4/ Security feeling : BB < WG = CG

Comme je vous le disais, j’associe à cette question de douceur, très certainement d’ailleurs très largement influencée par la qualité de la lame choisie, la sécurité ou plutôt, le sentiment de sécurité que l’on retire de l’utilisation de tel ou tel rasoir.
De ce point de vue là, ma réponse est plus franche ... le Guerrilla, bien que monté sur une tête open comb, me semble plus sécurisant que le Blackbird.
Je précise que je ne me coupe pas plus avec l’un qu’avec l’autre. Pour autant, avec le Guerrilla, je me rase à la wanaguen biz tout fly, et ça passe sans encombre.
Avec le Blackbird, ça passe aussi même je ne peux m’enlever de l’esprit ce feel blade et mon 1er rasage avec (si vous avez lu mon post sur le fil dédié, j’ai eu droit à une constellation de pds avec la lame  Derby Premium). Alors depuis, c’est plus fort que moi, je fais très très gaffe et j’ai pris soin d’améliorer ma technique. Ayant pris possession du Guerrilla après avoir fait mes armes avec le Blackbird, il a forcément bénéficier de ce gain en technique.

Conclusions :

Vous l’aurez compris, il ne s’agit là que de mon ressenti personnel. A nuancer donc...

Après être passé par un Merkur 37c, puis Feather AS-D2, et par divers SE (ATT SE1 et General), je suis désormais bien attaché aux charmes des DE. Diversités des modèles, des styles et des lames...

Pour ceux que ça intéressent, je suis peut-être prêt à me séparer d’un de mes deux General(aux), mon JUGE de paix en matière de confort/efficacité. Aurais-je atteint l’âge de raison en RT ?

Mise à jour :
WG : #3ème rasage ce matin (lame Sputnik) : confirmation de mes propos. Toujours la même douceur et la même efficacité sans pds. Le manche n’est absolument pas glissant (je le tiens à pleine main et non pas du bout des doigts)

BB : #4eme rasage (lame Sputnik) : j’avais un peu délaissé l’oiseau noir pour le WG. Ça fait plaisir de le retrouver ! Des sensations plus saillantes en main. Plus mordant et un poil plus efficace avec la même lame un peu plus usagée. Douceur toujours au rdv.
4eme rasage, la lame résiste ! Une idée fourmille dans mon esprit, et si je devais n’en garder qu’un...