Brummell - crème à raser de Prospector Co.

Dans le cadre de ses escapades sacistes - le SAC, c'est le Mal - votre serviteur et chaland est tombé sur cette crème à raser, dont la fragrance mentholée annoncée correspondait bien à un vide - on peut le voir ainsi - dans sa rotation.

Brummell, ça s'appelle. En hommage à Georges, prototype du dandy et mort en 1840 des suites de la syphilis au terme d'une vie par définition monacale. Ça m'étonne même un peu que des États-uniens se servent d'une aussi peu pudibonde référence.

Je me suis donc empressé de composer frénétiquement le code autorisant ma banque à payer les 19,50 € intimant au personnel de thealphamen.nl de m'envoyer fissa les 236 ml. du précieux mousse-mousse.

Moins de 24 heures plus tard, je l'ai entre les mains : en route pour une visite guidée.



ANALYSE DE LA COMPOSITION

Basée sur les catégories et données de incibeauty.com

"Bien" dans toutes les catégories :

Aqua (Water), Glycerin, Sorbitol, Disodium Lauryl Sulfosuccinate, Stearic Acid, Sodium Chloride, Aloe Barbadensis (Aloe Vera) Leaf Juice*, Cocos Nucifera (Coconut) Oil*, Argania Spinosa (Argan) Oil*, Butyrospermum Parkii (Beurre de Karitè), Carrot Seed Extract ( Nda : Daucus carota sativa seed oil ),Ricinus Communis (Castor) Seed Oil, Kaolin, Menthol, Mentha Piperita (Peppermint) Oil.

"Satisfaisant" dans toutes les catégories :

Propylene Glycol, Disodium Lauryl Sulfosuccinate, Iodopropynyl Butylcarbamate, Potassium Sorbate.

"Satisfaisant" dans toutes les autres catégories :

Titanium Dioxide ( pas d'ingestion, en l'occurrence ).

"Pas terrible" dans toutes les catégories :

Sodium Cocoyl Isethionate [ Nettoyant & tensioactif : "peu écologique" ], Tetrasodium EDTA [ Agent chélateur : "L'ingrédient ne pose pas de problème pour la santé humaine mais son impact sur l'environnement est désastreux : il n'est pas biodégradable et est extrêmement nocif pour la nature." ].

"Controversé / à risque" dans toutes les catégories :

Diazolidinyl Urea [ "Conservateur ( ... ) dont la concentration maximale autorisée dans les préparations cosmétiques prêtes à l'emploi est de 0,5 % en Europe." ].

Inconnu au Bataillon :

Tinasan.

Voilà donc un produit complexe de bonne qualité globale, mais qui pose un problème environnemental. Chacun verra midi à sa porte. Mais quoi qu'il en soit on ne peut que déplorer l'utilisation, par des fabricants en principe bien au fait de ce qu'ils manipulent, de composants tels que le Tetrasodium EDTA, pourtant remplaçables. S'ils ne font pas, comme c'est le cas ici, doublon avec l'éminemment plus sympathique kaolin.



À l'ouverture, tu ne peux pas te louper : c'est une menthe. Et quelle menthe ! Pas du menthol, non : y'en a, mais c'est la menthe poivrée qui prend le dessus. Quant à la texture, de mon point de vue on est davantage sur un savon mou ( croap ) évoquant le Cella tout frais, que sur une crème.

À l'usage, ça reste de la menthe. Poivrée pour l'odeur enveloppante. Dingue et agréable. Très. Mentholée pour la sensation de fraîcheur, qui est d'une même intensité. Au point qu'en me rasant je me demandais quel serait le prix à payer en finale  

Parce que la mousse, elle, est particulière aussi. Pour une "crème", elle n'est pas évidente à maîtriser. On n'est clairement pas sur du TOoBS, par exemple ; ni sous l'angle de la facilité, ni sous celui de la durée. Outre une furieuse propension à préférer la brosse à la peau, elle a tendance a sécher assez vite : commencer par les endroits sensibles.

Ceci dit on verra à l'usage, car sur la quinzaine de savons déjà essayés c'est vraiment le plus compliqué à mes yeux. Et, pour une fois, le poil de gruik n'est peut-être pas le plus adéquat... quelque chose de plus doux donnerait peut-être de meilleurs résultats ? M'en fous... circulez, y'a rien à voir... même le Vieux sorcier enfariné ne me fera pas revenir là-dessus : BOAR RULEZ !!!

Bref ( à quatre feuilles ) et pour en revenir où j'en étais ; du coup, tu te (re)dis : "je vais me fumer". Ben pas du tout. C'est frais, très frais, du début à la fin, mais il n'y a pas d'agression concomitante. Et malgré la difficulté de maîtrise, la mousse laisse au final un film protecteur très efficace dont les composants vont continuer à bien bosser une fois ce film rincé. Passage de l'alun et de l'AS en toute quiétude.

Pourtant, le tandem Parker R87 + Euromax Cryo fait dans le profond. Et si ma peau sèche à potentiel sensible ne s'en est jamais plainte, il est clair malgré tout que ça ne réussit pas de la même manière avec tous les savons de rasage.

Tu sais quoi ? Ce truc, c'est comme du Rammstein : pétant à l'extérieur, mais sensible au dedans. Faut aimer : moi j'aime. Clair que ça ne ressemble guère à ces temps où il est de bon ton de ne point offenser son voisin tout en lui maintenant consciencieusement la gueule sous la flotte. Mais ça, hein, c'est une autre histoire...

Donc, ce savon c'est pas le plus simple à travailler mais c'est de la balle. Dommage pour la mauvaise note environnementale qui pourrait être évitée sans causer, pour ce que j'en sais bien sûr, une hécatombe au taf dans l'honorable profession de chimiste. Mais en attendant de croiser mieux, et puisqu'un seul mentholé me suffit amplement : exit Proraso Vert et bonjour Brummell  




Annexe, concernant l'argile blanche ou "kaolin".

J'utilise - et travaille à l'occasion - l'argile en général depuis plusieurs années ; et je la fréquente depuis ma naissance étant donné la nature des sols de mon terroir. C'est une matière que j'ai toujours aimé, et qui me le rend bien.

L'argile, donc, et blanche pour ce qui nous concerne, présente plusieurs intérêts fort bien énoncés sur le site compagnie des sens d'où, parce que je suis une grosse feignasse ne vois pas l'utilité de réinventer l'eau tiède, cette synthèse est tirée :

- Absorbante, nettoyante : l'argile blanche kaolin est la plus neutre et douce des argiles. Elle possède également des propriétés absorbantes idéales pour profiter de tous ses bienfaits au niveau cutané. Elle permet de capter bon nombre d'impuretés, bactéries et autres parasites.
- Exfoliante : L'aspect de poudre de l'argile et sa faible granulométrie lui confèrent des propriétés nettoyantes et exfoliantes idéales pour des gommages de la peau en douceur. Cette légère exfoliation de la peau permet d’éliminer l’excès de peau morte et de favoriser la régénération des cellules de la peau.
- Pour les peaux fragiles : l'argile blanche kaolin est très douce, elle apaise les peaux sensibles et permet une meilleure regénération cutanée.
- Pour les peaux sèches : pour les peaux sèches qui tiraillent, l'argile blanche kaolin joue un rôle adoucissant et réparateur. Reminéralisante, l'argile redonne souplesse à votre peau.
- Pour les peaux normales : l'argile blanche kaolin est la plus douce, elle est également adaptée aux peaux normales.

Pas mal, hein ? Sa présence est un de mes critères de sélection en matière de savons à barbe. Et, l'eusses-tu cru, figures-toi qu'il y en a, de l'argile blanche, dans ce fameux Wickham Soap ( Irish Fern, mais dans les autres aussi ) sur lequel j'ai flashé avant même de porter attention à sa composition suite à la fréquentation de ce forum.

Ça étant, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit : l'argile n'est pas plus un remède uniforément souverain qu'un autre et, en l'occurrence, il est même possible que certains réagissent moins positivement à sa présence. C'est normal : sur cent sources un tant soit peu sérieuses consultées, on retrouvera les mêmes recommandations d'usage à son sujet, au nombre desquelles l'acclimatation figurera d'une manière ou d'une autre. C'est costaud, malgré tout, l'argile. Ça fait des Ardennais, alors, tu penses...

Merci pour la revue, complète et agréable à lire !

Merci pour cette revue superbement écrite

Un grand merci. Ne connaissait pas.

superbe revue.

Excellente revue,

je suis un peu surpris de voir le cocoyl isethionate de sodium dans les ingredientss "pas terrible"
c'est un ingredient synthetique , mais de tres bonne qualité

vous en trouvez dans les Varesino formule 4.3 :

huile de coco, acide stéarique, cocoyl iséthionate de sodium, huile de colza, huile de tournesol, eau, hydroxyde de potassium, glucoside de noix de coco, oléate de glycéryle, érythritol, huile de ricin, huile de ricin hydrogénée, hydroxyde de sodium, cire de carnauba, cire d'abeille, extrait de manne, extrait de racine de fougère, galactoarabinane, beurre d'Illipe, parfum, macadamia Huile, cocoate de saccharose, beurre de karité, huile d'amande, amidon de riz, gomme de xanthane, glycérine, acide stéarique, chlorure de sodium, acétate de tocophérol, huile de pépins de raisin, acide citrique ...

Dans les Barrister and Mann Reserve

acide stéarique, glycérine, eau, cocoyl iséthionate de sodium, suif, hydroxyde de potassium, huile de carthame, lait de coco, hydroxyde de sodium, huile de ricin, cocoate de saccharose, lactate de sodium, parfum, acétate de tocophérol, disuccinate d'éthylènediamine trisodique ...

en quantité non negligeable, vu la position dans l'INCI

yul.b a écrit:Excellente revue,

je suis un peu surpris de voir le cocoyl isethionate de sodium dans les ingredientss "pas terrible"
c'est un ingredient synthetique , mais de tres bonne qualité

Spoiler:

Bonsoir, yul.b,

merci pour ton appréciation, et pour avoir fait part de ta surprise. Ça permet de lever les équivoques, et de faire ainsi avancer les choses

Les données complètes, concernant ce composant, sont visibles ici, sur le site d'incibeauty.com.

L'essentiel consistant dans ce passage, que je place en citation pour plus de facilité :

Le Sodium Cocoyl Isethionate ou SCI est un tensioactif anionique doux sans sulfate. Issu des acides gras de l'huile de noix de coco et de l'acide iséthionique, il dispose d'un très bon pouvoir moussant. On le retrouve dans des produits naturels comme les shampoings solides.
Le SCI est produit par éthoxylation, ce qui en fait un ingrédient peu écologique. Il est interdit dans le cahier des charges COSMOS.

La réserve est donc d'ordre purement écologique, sans être d'une gravité méritant davantage qu'un "pas terrible". Ça me paraît cohérent.

À toutes fins utiles, et parce que je m'aperçois que je n'ai jamais expliqué cette option auparavant : j'ai choisi incibeauty.com pour base depuis quelques mois, sur et hors le forum. Ce site reste, de mon point de vue, factuel et pondéré ; et j'ai pu constater qu'il tenait la route lors de recoupements. Ce qui, sans lui conférer un brevet d'infaillibilité pour autant, permet d'étayer sainement le genre d'exercice de vulgarisation auquel nous nous livrons sur les forums

@ cinqcygne, Ptitrenard, Luminoso et Stephan29 :

merci pour vos appréciations : ça fait toujours plaisir, et ça motive

Merci Chet pour cette revue de compétition. C'est toujours un grand plaisir que de te lire.

Merci pour la revue et pour le plaisir de te lire.
Tu as vraiment une très belle facilité à l'expression écrite.
Ne change rien.

... 'peux pas... depuis ma rencontre avec un type aux pieds fourchus, un soir au coin d'un bois, je bosse pour une espèce de collectif qui pratique l'art pour l'art... ça rapporte pas des masses, mais qu'est-ce qu'on se marre......

Ceci dit, en cas d'humaine défaillance je ne pense pas que ce genre de péché vénalement véniel t'occasionne de grand tourment rétrospectif : c'est vraiment de la belle et bonne découverte, ce produit

... ♬  ♪  ♩  ♬ ... "Complément d'enquête" ... ♫ ♩ ♩

En restant dans le sanglier, mais en passant du Zenith 506U XSE à l'Omega 20102, aux soies plus longues et plus souples ; le tout en facelift un rien préparé au bol, j'obtiens une mousse plus décente. Pas encore de quoi danser sur les tables, mais c'est mieux. Donc, il y a du potentiel mais ça reste capricieux.

Dans la mesure ou je n'ai jamais rencontré de problème avec le LPL ( Cologne-Fougère ), qui semble être malgré tout une référence en la matière pour beaucoup d'entre nous, je me dis qu'il vaut mieux prévenir que guérir : si vous êtes débutant de chez débutant, il vaut peut-être mieux vous faire la main sur d'autres mousse-mousse avant de vous lancer sur cet - excellent, je confirme - Brummell  

+ au samedi 30 janvier :

L' apprentissage de cette crème / crop se poursuit, et l'amélioration avec lui. Je retiens que je mettais trop d'eau au départ : il faut vraiment y aller par paliers en démarrant avec un blaireau bien essoré par effet centrifuge. Et surtout qu'il est préférable que l'eau soit plutôt "tiède/froide", voire carrément froide, pour obtenir une mousse moins aérienne et, partant, un résultat qui est désormais plus couvrant et plus stable.